Tabac – Petits arrangements entre bons amis

Aujourd’hui, 2 novembre 2015, les buralistes manifestent contre le paquet neutre.
Cette corporation ne cesse de peser de tout son poids sur l’exécutif pour ne pas être brimée dans son commerce.
De l’autre côté, au même instant, les défenseurs de la cigarette électronique se battent pour survivre à des lois liberticides et non pour maintenir des avantages. L’exécutif refuse d’entendre la vérité d’une alternative au tabac plus saine pour la santé et choisit de la saccager.

Je n’ai rien contre les buralistes, à titre personnel. Mais il y a deux poids deux mesures qu’il est bon de dénoncer parfois.

En 2013, un article de l’Express Expansion nous apprend que « Les industriels du tabac verseraient des commissions de plusieurs milliers d’euros à des buralistes pour assurer leur promotion par des moyens interdits par la loi Evin. Des pratiques a priori occultes… mais que la Douane connaît. »

On apprend ainsi qu’ils sont incités à outrepasser les interdictions publicitaires par des moyens détournés, tels des écrans ou de la publicité au sol et en sont régulièrement remerciés.
Mais on apprend aussi et surtout que les cigarettiers versent des commissions occultes aux 27000 débitants de tabac français. Des milliers d’euros sont déposés sur des « cartes bancaires spéciales » en échange de bons et loyaux services. Le service des douanes ne réagit pas, même si ces pratiques douteuses sont plus que condamnables quand on sait que les primes les plus conséquentes sont adressées aux débits de tabac à proximité d’établissements scolaires.

Par ailleurs, un débitant de tabac peut prétendre selon le décret 2012-1163 du 17 octobre 2012 à la prime de service public de proximité.

Elle vise à encourager la diversification des activités des buralistes, notamment dans le domaine des services publics de proximité. Le montant de la prime est de 1500 euros pour les débitants implantés dans les communes de moins de 1 500 habitants et de 1 000 euros dans les autres cas.

La prime est versée aux gérants d’un débit de tabac ordinaire dont le chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 300 000 euros et qui proposent aux usagers au moins quatre services publics parmi ceux figurant dans une liste définie par arrêté. Les services proposés sont les suivants :
– la délivrance de timbres postaux ;
– la délivrance de timbres-amende sous format papier, ou existence d’un agrément en cours « Point de Vente Agréé » pour le paiement automatisé des amendes radar ;
– la délivrance de timbres fiscaux ;
– la réception de colis au bénéfice des usagers ;
– la délivrance de titres de transports nationaux, régionaux, intercommunaux ou communaux ;
– l’offre de presse nationale ou régionale ;
– l’offre de jeux de grattage, de loterie ou de paris sportifs ou hippiques ;
– l’offre de services téléphoniques ou d’accès à internet ;
– le commerce alimentaire de proximité offrant des produits de première nécessité.

La future législation en matière de cigarette électronique va l’offrir sur un plateau aux buralistes en faisant en sorte de ne proposer que des modèles inefficaces, calqués sur la cigarette-tabac et fabriqués par l’industrie du tabac.
D’ores et déjà, la multiplication des débitants de tabac revendant le modèle JAI – cigalike spécialement conçue pour ramener au tabac (!) – est impressionnante.

La conclusion la plus évidente de cet article est de noter que l’Etat soutient ouvertement l’industrie du tabac tout en s’en offusquant pour prétendre lutter contre le tabagisme.
Au moment où il doit statuer sur l’ecigarette, au moment où les législateurs organisent sournoisement sa destruction alors que tout indique qu’elle est 95% moins nocive que la cigarette, il est impossible de détourner les yeux pour ne pas voir à quel point le consommateur est trompé et le citoyen dupé.

Le Ministère de la Santé peut-il seulement répondre aux utilisateurs de cigarette électronique lorsqu’ils s’interrogent sur ce parti pris pour les buralistes ? Car, après tout, ce ministère ne cesse de brandir la carte de la santé tout en laissant faire des pratiques occultes poussant à la consommation de tabac d’un côté et brimant des consommateurs souhaitant se libérer de ce même tabac de l’autre.
Où se trouve donc la santé entre l’impact d’un lobby puissant que l’on tôlère sans broncher en dépit de 78000 décès annuels liés à ce même lobby et ceux, pauvres rêveurs, qui cherchent à se délivrer du tabagisme pour ne pas en mourir ?
Doivent-ils payer des primes et des commissions pour avoir le privilège de vaper pour ne plus fumer ?
Mme Touraine ?….

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